Le travail du verre existe depuis près de 5 000 ans. Les techniques ont beaucoup évolué depuis et chaque pays a ses propres secrets pour le travailler. Aujourd’hui, la Lorraine est l’une des régions les plus réputées à travers le monde pour ses verreries. L’histoire a commencé depuis le 15e siècle et se poursuit jusqu’à nos jours avec toujours plus d’excellence et de prestige. Zoom sur l’histoire de la verrerie en Lorraine.
L’histoire des verriers à travers le monde
Lorsqu’on parle de la Lorraine, des noms comme Baccarat, Meisenthal, Portieux, Daum … résonnent à nos oreilles. Ces derniers font effectivement la fierté de la région et de toute la France. Grâce à eux, le pays s’est fait une prestigieuse réputation mondiale pour le travail du verre. Il faut pourtant savoir que cet art ne s’est développé en France que vers la moitié du 15e siècle.
Ailleurs, l’art verrier est pratiqué depuis plusieurs siècles. On sait par exemple que 20 siècles avant notre ère, les Égyptiens fabriquaient déjà des pâtes de verre. Ils s’en servaient pour produire des bijoux. En Orient et en Occident, la pratique se développe aussi assez tôt.
Vient ensuite le tour de Damas qui fut, pendant un temps, un haut lieu du verre. Il finit par perdre ce titre en faveur de Venise qui a vu naître les célèbres verriers de Bohême. Les Anglais font également de maintes recherches pour trouver la meilleure formule pouvant sublimer encore davantage leurs créations en verre.
En parallèle, l’art du verre s’installe doucement en Lorraine.
Les premiers verriers de France étaient nomades
En France, les premiers verriers étaient nomades. Ils devaient se déplacer régulièrement pour trouver les ressources dont ils avaient besoin pour produire du verre. Parmi elles, il y a le bois qui sert à alimenter les fours. Les premiers verriers français, obligés de déménager plusieurs fois par an, vivaient dans des petites cabanes en bois qu’ils appelaient houbettes. C’étaient des habitations sommaires censées les abriter seulement le temps que le bois de la région s’épuise.
A cause de leur grosse consommation en bois, les verriers se sont attirés les foudres des villageois puisqu’ils défrichaient de vastes étendues de forêts pour pouvoir travailler. Les fours qu’ils utilisaient devaient conserver une température constante de 1 400 à 1 450°. Pour obtenir une telle chaleur, ils avaient besoin d’une quantité énorme de bois. Ainsi, quand les forêts commençaient à s’épuiser, ils déménageaient à nouveau pour trouver de nouvelles ressources. Malgré la situation tendue, les seigneurs ne firent rien, comprenant que l’art verrier était une industrie à exploiter.
L’art du verre s’installe en Lorraine
Conscients de l’importance du travail du verre et du mécontentement des villageois, Jean de Calabre, alors gouverneur des duchés de Lorraine, décide en 1448 d’installer les gentilshommes verriers dans les vastes forêts de la Lorraine. Là, ils avaient toutes les ressources nécessaires pour travailler et ne dérangeaient pas les villageois.
Le gouverneur consent même à leur donner plus de privilèges encore pour qu’ils y restent. Non seulement, ils pouvaient utiliser autant de bois que nécessaire, mais ils pouvaient également chasser et pêcher dans la région pour vivre. La seule contrepartie c’était qu’ils devaient garder le secret de fabrication du verre pour eux. Il faut savoir qu’à l’époque, les pays rivalisaient ouvertement pour produire les plus prestigieuses pièces en verre.
Au fil du temps, l’art du verre acquit des lettres de noblesse. Toux ceux qui excellaient dans la matière étaient appelés Maîtres verriers. De nos jours, les verriers de Lorraine sont environ une trentaine à encore exceller dans cet art. Parmi eux, on compte les très célèbres Baccarat, Vallerysthal ou encore Meisenthal.
Du verre au cristal
Depuis le 15e siècle, l’industrie du verre connaît un essor important en Lorraine. Les techniques de fabrication ne progressaient toutefois que doucement. En 1674, un maître verrier du nom de Geaorges Revenscroft eut d’idée d’ajouter de l’oxyde de plomb au fint-glass. Il découvre ainsi la fabrication du cristal, mais comme partout ailleurs, le secret fit bien gardé.
En 1705, le duc de Lorraine donne le feu vert aux verriers pour l’ouverture de la première verrerie de l’Hexagone à savoir la verrerie de Portieux. Cette dernière obtint la protection du duc et put se servir à souhait des ressources des forêts lorraines.
En 1780, le premier cristal fut enfin fabriqué en France, à Saint-Louis. A partir de là, le cristal en Lorraine commence à se faire une belle réputation à l’échelle internationale. Très vite, la région excelle dans cette nouvelle forme du verre et d’autres verreries finissent par voir le jour.
La verrerie française, symbole de prestige et de raffinement
De nos jours, la verrerie française est connue à travers le monde pour son raffinement et son prestige. Chaque pièce conçue est une œuvre d’art qui témoigne du savoir-faire des maîtres verriers.
La Lorraine concentre, aujourd’hui encore, les grands centres verriers de la Métropole. Tous se trouvent dans les massifs forestiers de la région. Ce travail d’exception séduit tellement qu’il est désormais possible de partir à la rencontre des plus illustres cristalleries lorraines.
A partir du 19e siècle, les verriers décident de se faire rémunérer au rendement pour être plus productif. Dès lors, de nouvelles spécialités se forment au sein de ces industries. Alors qu’auparavant, un verrier devait être polyvalent pour réaliser toutes les tâches allant de la cueillette des fougères jusqu’au façonnage du verre, aujourd’hui, on peut être seulement cueilleur ou maître verrier.