Hervé Télémaque : qui est-il ?

Hervé Télémaque qui est-il ?

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Les passionnés de peinture peuvent connaître qui est Hervé Télémaque. C’est cet artiste peintre français qui est souvent associé aux courants du Surréalisme et de la Figuration narrative. Il porte également la casquette de graphiste, d’écrivain et de graveur. Rappelons qu’Hervé Télémaque est d’origine haïtienne, il est né le 5 novembre 1937 à Haïti, à Port-au-Prince. Il s’est installé à Paris en 1961 et il y est encore jusqu’à aujourd’hui pour son travail.

Sa rencontre avec le monde de l’art

Hervé Télémaque le peintre

Dans sa tendre enfance, Hervé Télémaque rêvait d’être sportif de haut niveau. Il a d’ailleurs suivi ce chemin jusqu’à ce qu’il ait des problèmes de santé. Ceux-ci l’ont obligé à abandonner ses rêves. En 1957, lorsque Duvalier arrive au pouvoir dans son pays, il laisse ses terres d’origine pour s’installer à New York. Il s’inscrit à l’Art Student’s League. En 1960, le peintre Julian Levi, son professeur, le pousse encore plus vers l’art. Sa passion pour l’art s’agrandit et Hervé Télémaque multiplie les visites dans les musées américaines. C’est là aussi qu’il fait la connaissance et se passionne pour l’expressionnisme abstrait et par la suite pour le surréalisme. Il suit de près quelques artistes américains comme De Kooning et Lam, mais il a un penchant pour Arshile Gorky.  Hervé Télémaque se lance alors dans la peinture et en 1959, c’est son œuvre baptisé « Sirène » qui marque les esprits. Lorsqu’il travaille, il se laisse guider par la réalité en sortant de l’abstraction.

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Son départ pour la France

Après quatre années à New-York, il commence à s’habituer au rythme américain, mais il est tout de même gêné par l’ambiance ségrégationniste des Etats-Unis. Il décide alors en 1961 de quitter cette ville pour s’installer en France, plus précisément à Paris. Il fréquente alors les Surréalistes sans pour autant se coller formellement au groupe. A cette époque, c’est les préceptes du Pop art, notamment la bande dessinée, l’usage de l’épiscope et de l’acrylique, qui l’attirent. Il se laisse d’ailleurs l’opportunité de suivre ce chemin.

En 1962, Hervé Télémaque intègre l’aventure de la Figuration narrative, ce qui lui permet de fréquenter quelques artistes déjà très connus comme Bernard Rancillac, Perter Klasen, Jacques Monory, Eduardi Arroyo et Öyvind Fahlström. Télémaque se lance alors dans la production d’une série bien originale sous forme de diptyques. Sur ces œuvres, on voit sur un fond initialement blanc des morceaux d’anatomie avec des métaphores visuelles désignées de « fictions » ajoutées à la craie ou au crayon. C’est de cette série qu’on a eu Le Voyage, le Portrait de famille, l’Etude pour une carte du tendre, My Darling Clementine et The Ugly American. Télémaque et Rancillac arrivent à convaincre le critique Gérald Gassiot-Talabot pour réunir ces artistes pour une exposition qu’ils baptisent « Mythologies quotidiennes » en 1964.

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Il explore différents domaines

Avant 1967, on voit Télémaque dans des œuvres et un discours narratif à visée socio-politique. Toutefois, à partir de cette année, il plonge carrément dans un tout autre univers qui est plus poétique et plus hermétique. A travers ses œuvres, il affiche des objets usuels évocateurs, son vécu en Haïti et des images de lecture complexe. Il donne d’ailleurs des explications de la présence des tentes dans plusieurs de ses œuvres en disant que ce n’est pas un signe d’un artiste qui se vit comme exilé. Pour lui, ce sont juste des représentations proprement métaphysiques de la demeure humaine. En 1964, inspiré par Hergé, notamment par l’œuvre « Petit célibataire un peu nègre et assez joyeux », il adopte la « ligne claire ». Deux années plus tard, il se tourne vers l’introduction des petits objets dans ses œuvres : c’est ce qu’il affiche avec sa série « Combines paintings ».

 

Qui est Hervé Télémaque
Source : Fondation Clément

Entre 1968 et 1969, il se consacre plus à l’assemblage avec ses « sculptures maigres ». Dans ce domaine, il travaille comme dans la peinture en donnant une autre dimension aux choses et aux objets banals. En 1970, il retourne dans la peinture et sort les séries « Les passages » et « Suites à Magritte ». Sur ces œuvres, on remarque un style plus épuré avec d’aplats de couleur. En 1974, il se lance dans le dessin et les collages et de ce nouveau domaine, il sort les séries « Selles » en 1977 et « Maisons rurales » en 1980.

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Son retour à Haïti pour se ressourcer

Après quelques années à Paris, il décide de faire un voyage dans son pays natal en 1973. C’est son premier retour au pays depuis 1957. Ce voyage est motivé par l’envie de revoir sa mère qui pour Hervé Télémaque est source de son imaginaire. Pleinement inspiré, il se met dans de grandes peintures à l’acrylique en 1976. Les œuvres qu’il réalise là étaient destinées à l’exposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. C’est en 1985 qu’il est naturalisé français et par la même occasion, il reçoit également la commande publique de la fresque monumentale « Vallée de l’Omo » pour la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette et la commande publique de Maman à l’Hôpital de la Salpêtrière. En 1986, lors de l’Ile biennale de La Havane, il est invité pour sa première exposition personnelle avec près de 20 œuvres exposées à la Casa de las Americas.

Dans les 1990, Hervé Télémaque expérimente dans le domaine des dessins de grand format au fusain. Il laisse le crayon au profit de la scie-sauteuse. A cette époque, de nombreux événements marquent l’artiste, notamment sa maladie, la mort de sa mère et les souvenirs du Vaudou qui envahissait son pays d’origine. Ceux-ci ne le laissent pas intacts et il retransmet ses ressentis dans ses œuvres qui sont placés sous le signe du deuil. Pour donner une lourdeur sensuelle à ses oeuvres, il va même jusqu’à utiliser du marc de café mélangé à des pigments de couleurs.

En 1994, Hervé Télémaque expose à la galerie Louis Carré & Compagnie sa série « Fusain et marc de café – Deuil : le dessin, l’objet ». L’année suivante, c’est la série « Œuvres d’après nature » qui est présentée au public à la fondation Electricité de France. Jusqu’en 1999, Hervé Télémaque ne cesse de travailler et enchaîne les expositions. Il va même jusqu’en Afrique du Sud et en Espagne pour quelques-uns de ses expositions. En 1995, il a reçu la distinction de commandeur des Arts et des Lettres.

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l'artiste peintre Hervé Télémaque et ses oeuvres
Source : les inRocKs blog

Depuis 2000 …

Dans les années 2000, Hervé Télémaque se laisse emporter par le courant de la « négritude » et le nouveau regard porté sur la politique française. Il se lance donc dans l’illustration de livre en 2000. Il n’oublie pas pour autant la peinture et il expose en 2001 à la galerie Louis Carré & Compagnie sa série « Trottoirs d’Afrique ». 2006 était également une année marquante pour cet artiste, car il a eu un chevalier de la Légion d’honneur.

En 2010, il se fixe l’objectif d’aider les artistes haïtiens qui n’avaient plus des structures pérennes et des moyens pour travailler à la suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Il parraine alors la vente aux enchères « Haïti Action Artistes ». Jusqu’à ce jour, Hervé Télémaque est encore très actif dans son domaine et ses œuvres sont actuellement présents dans de nombreux pays.

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